Saint-Paul raconte l’Histoire des frères ADÉKALOM
Jusqu’au 17 janvier 2022, la Maison SERVEAUX propose l’exposition « Amoin minm Adékalom » du photographe Claude TESTA. Un rendez-vous consacré au combat des trois frères ADÉKALOM : Serge, René-Paul et Thérésien.
La Municipalité met en lumière cette page de l’Histoire de La Réunion trop souvent écrasée par le silence. Comme le rappelle le Maire de Saint-Paul, Emmanuel SÉRAPHIN, lors du vernissage organisé le 17 décembre dernier.
Le premier magistrat rencontre Thérésien ADÉKALOM, et Danyèl WARO, interprète d’un maloya de résistance au pouvoir racontant cette lutte pour la liberté. Sa chanson à redécouvrir ici.
Un grand moment d’émotion pour le Maire. Tout comme pour la Députée, Karine LEBON, et la Présidente du Conseil Régional, Huguette BELLO. Toutes les deux participent à ce vernissage.
Cette exposition se tient dans le cadre du 20 Désanm à Saint-Paul, Ville d’Art et d’Histoire. La Fèt Kaf se prolonge donc dans la commune avec cette exposition organisée jusqu’au 17 janvier.
Celle-ci est visible à la Maison SERVEAUX, du lundi au jeudi, de 8 à 16 heures, et le vendredi, de 8 à 15 heures. Elle est accessible selon les protocoles sanitaires en vigueur édictés par l’État dans sa stratégie de lutte contre la Covid-19. Plus de renseignements au 02 62 34 49 20.
Pour rappel, Serge, René-Paul et Thérésien ADÉKALOM sont condamnés à 10 jours de prison et à 10 740 francs d’amende pour l’occupation sans titre d’une parcelle de l’ONF à l’Étang Salé en 1979. Il est 6 heures du matin le 25 octobre 1979. Nous sommes en pleine forêt de l’Étang Salé. Des gendarmes et des agents de l’ONF encerclent le boucan des frères ADÉKALOM.
Traités comme des parias
L’opération policière est d’une grande violence. Traités comme des parias, ils sont ensuite victimes d’exactions. Face à eux, se dresse une loi brutale et aveugle. Ces trois éleveurs sont condamnés à des peines démesurées. Ils subissent des emprisonnements successifs en 1979 et 1980.
Les amendes sont exorbitantes. Leurs biens et moyens de travail ont été confisqués puis vendus aux enchères comme leurs animaux. À cette époque, le groupe de soutien ADÉKALOM (GSA) informe la population des violences qui leur sont faites.
Ce GSA inscrit sur les murs des villes des revendications liées à la justice et à la liberté.
Dans le même temps, la voix de Danyèl WARO résonne plus lourdement pour accompagner la lutte de ces trois jeunes réunionnais. Ses paroles donnent à voir leurs actes de résistance.
Cet hymne témoigne aussi des kabar organisés en solidarité à l’Étang Salé. Où l’on scande des messages pour la dignité humaine au rythme du maloya.
Victoire amère
Il faut attendre le 7 août 1981 pour que les autorités proposent enfin une solution humaine et conforme à la loi, pour régler ce problème d’occupation. Le 21 août, les ADÉKALOM obtiennent enfin leur maintien dans la forêt. Le lendemain, Troup Flanboiyan et Ziskakan célèbrent avec eux cette victoire amère.
Ce combat raconté en photos par Claude TESTA constitue une démarche artistique porteuse d’un message social. Son travail questionne la question des inégalités, les relations de dépendance entre dominés et dominants.
Il parvient à révéler la conscience aigüe de léspri maronèr et donne à comprendre une réalité souterraine étouffée.
Claude TESTA a été dans sa carrière de journaliste et de photographe, un témoin important du combat des frères ADÉKALOM. Eux qui rêvaient d’autonomie alimentaire.
La biographie de Claude TESTA
“L’esquisse de Amoin minm Adékalom est celle d’une rencontre entre les frères Adécalom et Claude Testa équipé de ses appareils photo. Dès 1979, le photographe humaniste arpente les chemins et sentiers de la forêt de l’Étang Salé. Il saisit les instants du quotidien précaire des trois frères, en survie sur les dunes de sable de la Ravine Sèche.
C’était, il y a 40 ans…Aujourd’hui, ses clichés sont mis en perspective à la lumière du témoignage de Thérésien Adécalom, seul encore vivant des trois frères.
Au cœur de la démarche artistique de Claude Testa, il y a la conception d’une image porteuse de message social. Dans ce focus sur la condition des jeunes frères Adécalom en 1980, l’artiste réaffirme l’intention de questionner les rapports de dépendance dans les milieux historiquement dominés.
Un thème qui éclaire la récurrence des injustices et la permanence des inégalités d’une société marquée par les stigmates de la colonisation, de l’esclavage et la Traite négrière.
Pour cette proposition esthétique, Claude Testa fait le choix de la diversité de lumière et d’échelle : les portraits dévoilés bousculent les silences et l’oubli, inscrivant dans le présent la mémoire d’une répression politique excessive et celle d’une lutte pour la dignité humaine.
Claude Testa a travaillé pour le Quotidien en tant que photojournaliste-pigiste à partir de 1978. Il a été journaliste reporter d’images à RFO puis à Réunion 1ère. De 1978 à 1983, il a sillonné l’île, immortalisant la réalité sociale des Réunionnais Actuellement à la retraite, le photographe propose sa vision de la société au tournant des années 80.”