Journée de l’amitié franco malgache
360è anniversaire de l’arrivée des 1ers malgaches pour le peuplement définitif de Bourbon-La Réunion : Histoires croisées
Les liens existent entre Madagascar et La Réunion dès les années 1630. Des tentatives françaises d’installation dans l’océan Indien occidental se multiplient, suivant les pas d’autres nations européennes qui ont déjà créé des grandes compagnies de commerce, y compris pour la traite négrière. Citons la Cie hollandaise des Indes Orientales VOC, créée en 1602 et qui occupait alors l’île Maurice.
Dès le départ la France est fortement intéressée par la Grande IIe. Mais les nombreux déboires de l’installation de Français à Fort-Dauphin, suivie de tentatives de colonisation aux succès mitigés obligent les Français à chercher une solution de repli: ce sera l’île Bourbon, future La Réunion. Commence alors une longue histoire…
Dates repères
1638, Les Français, basés à Madagascar, prennent possession de « de Madagascar et autres îles adjacentes pour y ériger colonies et commerces » au nom du roi de France. La future île « Bourbon », inhabitée, y est comprise sous le nom de Mascarin (dite aussi Mascareigne) mais ils ne l’occupent pas.
1642 : La Compagnie française de l’Orient est créée pour la colonisation dans l’océan Indien en général et à Madagascar en particulier.
1643: Installation au Fort-Dauphin nouvellement aménagé par Jacques de PRONIS, 1er agent de la compagnie, avec un groupe pour « y travailler à la traite ».
1646-1648 : PRONIS, prend pour femme la fille d’un chef négrier malgache et fait face à une révolte française sur fond de traite. 12 mutins sont exilés à Bourbon. Ils s’y portent fort bien, mais ils n’y restent pas et reviennent à Madagascar en 1649
1648 à 1655 : FLACOURT est nommé Commandant de la France Orientale ou Ile Dauphine (dénominations françaises de Madagascar) à Fort-Dauphin et dresse la première carte de l’île Bourbon, sur les indications des mutins.
1659 : 1er mai : Massacre d’une cinquantaine de Français par des Malgaches suite à de nombreux problèmes relatifs à la traite négrière : recherche d’une solution de repli stratégique sur les îles avoisinantes pour mieux asseoir leur autorité sur Fort-Dauphin. (d’après Souchu de Rennefort, secrétaire en l’Etat de la France Orientale)
1663, entre le 11 et le 14 novembre: 1ère occupation pérenne de Bourbon par l’envoi de Louis PAYEN pour l’île Bourbon avec un groupe prévu au départ d’une dizaine de Français et d’une douzaine de Malgaches. En réalité, pour des raisons inconnues, il se retrouve débarquer à Bourbon avec un seul compagnon français et 10 « serviteurs » malgaches hostiles, qui partent très vite en marronnage.
A partir de là, fondation par les marrons malgaches du royaume marron de l’Intérieur qui se renforce par la suite.
1664 : fondation de la Compagnie française des Indes orientales. Un édit royal interdit la pratique de l’esclavage sur l’île Bourbon. Il sera moyennement suivi d’effet : à Madagascar, la traite négrière était largement pratiquée par tous, y compris par les Européens et les Français derniers venus.
1665 : Étienne REGNAULT est le 2eme commandant de Bourbon. Il est accompagné d’une vingtaine d’hommes, tous Français devenus les premiers colons officiels, appelés à rester.
1667 février : Avec de grands moyens Montdevergue embarque 1 589 personnes pour Madagascar. 400 passagers sont décédés du scorbut pendant le voyage et 200 malades seront déposés à Bourbon en 1667. Une trentaine survivra et s’y installe un groupe formé d’hommes et de femmes.
1668 : Naissance d’Anne MOUSSE le 14 avril 1668 à Saint-Paul de Marie CAZE et Jean MOUSSE, du groupe des Malgaches primo-arrivants de 1663, et morte le 19 mars 1733 à l’âge de 65 ans, à Sainte-Marie. Née esclave, elle devient libre en 1687 en épousant Noël TESSIER. Elle est la première femme née sur l’île Bourbon et y laisse une grande descendance.
28 août 1670 : le Conseil d’État du royaume officialise la pratique de l’esclavage
1672 novembre : CARON revenant de l’Inde fit escale à Bourbon et laissa « 15 prisonniers noirs de Saint-Thomé » qui devinrent les premiers Indiens esclaves de Bourbon
1672 : Énième attaque malgache de Fort-Dauphin suivi d’un massacre du 26 au 27 août. 1674 de 75 colons et de la destruction du fort et de son abandon. En 1676, après un long périple, les « débris de Madagascar » se réfugient à Bourbon.
1674 : 1er décembre : ordonnance : « défense aux Français d’épouser des négresses ». À Bourbon : d’un côté 58 noirs (43 Malgaches et 15 Indiens), de l’autre 62 blancs (et 8 enfants métis).
1750 : les Français reprennent possession effective de l’île Sainte-Marie,
1768 : rétablissement de la présence française à Fort-Dauphin, plusieurs fois menacée mais maintenue toutefois.
1786 : Benyowski fonde l’établissement français de la Baie d’Antongil pour le commerce d’esclaves sur les Mascareignes
1804 : Aménagement du petit village de Tamatave en un grand port sous la direction de Sylvain ROUX et de Benoist Joachim DAYOT, ( officier de marine représentant le gouvernement français, père d’Eugène Dayot l’écrivain ) pour être plus proche des sources d’esclaves et contrer la concurrence des pirates installés sur les petites iles côtières. Tamatave et la région devient un important lieu d’exportation d’esclaves et de vivres pour les Mascareignes.
1841 : Première guerre franco-malgache du temps de Ranavalona. Mais en 1861, la signature de la Charte Lambert entre le jeune roi Radama II et un traitant français donne à la France une mainmise économique importante qui ruine le royaume et précipite l’emprise française en germe depuis 1638.
1883-1885 : Avec une importante participation du Bataillon des Volontaires de La Réunion, créée en 1884 et qui va déterminer la victoire française. Par le traité de Tamatave une sorte de protectorat est établi et cession de Diego à la France.
1882-1883 : Une ambassade malgache fait le tour des capitales occidentales pour tenter une lutte diplomatique contre la France et sauver l’indépendance du royaume. Sans résultat concluant. La colonisation européenne est lancée et plus rien ne l’arrête.
1894-1895 : Quatrième guerre coloniale. Les Malgaches rompent le protectorat et Ranavalona III appelle à la résistance. Réponse de la France qui exige un vrai protectorat. Bombardement français de Tamatave puis de Majunga. Résistance vaine de l’armée malagasy : le 30-09-1895, Antananarivo est prise par le général Duchesne. Rétablissement du protectorat et cession « définitive » de Diégo à la France.
– 1896: Madagascar devient colonie française. C’est le député réunionnais François de MAHY après des années de lutte pour convaincre Paris, qui n’en faisait pas une priorité, parvient à finaliser la colonisation de Madagascar. Il assurait l’intérim du ministre de la marine et des colonies et décida de l’expédition qui mit fin à l’indépendance de la grande ile.
1897- 15 mars : la reine Ranavalona III débarque à La Réunion, exilée par le général Galliéni. Elle résidait au 2 rue Roland Garros à Saint-Denis. Le 1er février 1899, elle quitte La Réunion pour Alger où Galliéni la fait transférer. Elle y meurt le 23 mai 1917. Un panneau de point historique est érigée , boulevard Lacaussade, en face de la maison où elle vécut
1947 : Insurrection contre la colonisation française d’une grande partie de Madagascar, Majunga, Diégo, Antananarivo, Ambatondrazaka, avec les plus grands foyers dans la forêt de l’Est suivie d’une terrible répression (ex : des chefs malgaches largués vivants des avions au-dessus de leurs villages pour terroriser les habitants) qui fit directement et indirectement une centaine de milliers de morts. A la ville du Port, place Semard, 4 stèles de Jack Ben Thi commémorent cet événement.
1958-1960 : République autonome dans le cadre de la Communauté française.
1960 : Indépendance de Madagascar.